Quand il est revenu aux affaires à Maranello, le brillant marquis de Montezemolo est arrivé juste à temps pour lancer une Ferrari de haute lignée, collant bien à son image. Apparue au Salon de Paris en 1992, la 456 GT est l’ancêtre directe des Ferrari actuelles, la première d’un genre plus abouti et plus utilisable. Après les succès faciles de la fin des années 80, la marque a compris qu’il était temps de relever la tête face à une concurrence industrielle de plus en plus dangereuse.
Moteur avant, relié par un tube rigide à une boîte pont, V12 ouvert à 65 degrés, la mécanique revisite la tradition avec un regard résolument moderne. Même chose pour la carrosserie qui, déjà, donne dans la nostalgie et évoque la Daytona dans sa partie postérieure, tout en remettant au goût du jour la formule 2+2. L’empattement de 2,60 m et les rondeurs musclées tendent cependant vers le concept de berlinette sportive. Bien sûr, le temps a fait son oeuvre. L’importance des porte-à-faux est quelque peu démodée de nos jours, mais l’élégance demeure.
Dévoreuse de kilomètres
Les 442 ch du 5,5 litres ont fort à faire avec une masse qui dépasse les 1 800 kg en ordre de marche, mais c’est plus leur appétit en carburant que les chronos qu’ils permettent de réaliser qui risque de contrarier le candidat à l’achat. D’autant plus que la 456 est une dévoreuse de kilomètres qui peut s’utiliser comme une berline normale. Pour preuve, les kilométrages affichés par certains modèles. L’un des plaisirs essentiels distillés par la 456 vient de la boîte mécanique commandée par un levier à boule alu sur une grille en double H. Une fois que l’huile est montée en température, la sélection est douce alors que l’embrayage, progressif, ne demande pas d’effort.
Plus on monte en régime, mieux ça passe, en musique. Le concert débute en sourdine à 3 000 tr/mn. Ce n’est pas mieux que la boîte F1, c’est différent et agréable. La direction, hyper assistée en ville, fort heureusement se durcit sur autoroute. Plus surprenante encore est la suspension pilotée qui met l’accent sur le confort et, en mode normal, donne dans une filtration et une souplesse de berline haut de gamme. Les variations d’assiette qui en découlent, amorces de tangage et de roulis, ne collent pas à la virilité que l’on attend peut-être d’une Ferrari. Bref, c’est une 2+2, mais on est allé un poil trop loin dans la recherche du confort, au détriment de la perception. Heureusement, le mode Sport arrange bien les choses et permet d’exploiter le parfait équilibre et la facilité de conduite. Sous-vireuse juste ce qu’il faut, la 456 peut survirer de manière progressive quand on la provoque. Il va sans dire qu’avec l’âge, le freinage jugé un peu juste à l’époque est encore moins impressionnant à l’heure du carbone-céramique. Au chapitre détails qui peuvent chagriner, il convient d’ajouter la qualité de la finition : le luxe du cuir ne fait pas oublier certains accessoires bon marché ou le fonctionnement limite des vitres électriques. Mais il en faudrait plus pour se fâcher !