La première génération de Viper, commercialisée en 1992, a suscité un fort engouement sur notre territoire malgré sa rareté. La RT-10, distribuée par Chrysler, franchit les frontières hexagonales plusieurs mois après sa commercialisation aux Etats-Unis avec quelques modifications. Héritière de la mythique Cobra, elle souffrait d’un manque cruel de rigueur et d’une finition d’un autre âge. Arrivée à point nommé, la seconde génération, baptisée SRT-10, reprend une recette identique tout en corrigeant la foule de défauts de sa devancière. Tout commence à l’intérieur. La présentation est à mille lieues d’égaler les standards européens, mais on ne peut qu’apprécier les quelques retouches bénéfiques pour la vie à bord. L’habitacle est toujours aussi étriqué, mais le pédalier est légèrement moins décalé sur la gauche et la position de conduite est parfaite. La boîte de vitesses et la pédale d’embrayage sont toujours aussi viriles mais la direction se révèle aussi agréable que précise.
La Viper fait partie de cette catégorie de véhicules bourrés de défauts mais qui distille un plaisir de conduite ô combien grisant. Pour ce faire, elle dispose d’un argument de poids : son V10 ! Ce bloc moteur, dont le simple démarrage suffit à vous faire entrer en transe, a gagné en puissance et revendique désormais 117 ch supplémentaires, soit 506 au total. La course a été augmentée pour une cylindrée finale de 8 277 cm3 (contre 7 990 pour la précédente génération). Cette relative opulence permet de compenser une indiscutable rusticité. Le V10 est en effet doté d’un simple arbre à cames central pour actionner deux soupapes par cylindres via des culbuteurs.
Une poussée monstrueuse
Malgré l’augmentation de la cylindrée, un équipage mobile entièrement revu et une ligne d’échappement nouvelle, le rendement n’a rien de transcendant avec seulement 61 ch/litre. Au ralenti, le V10 vibre, hoquette et diffuse une chaleur insupportable dans l’habitacle en raison des deux sorties d’échappement latérales. La moindre sollicitation des gaz se traduit par une poussée incroyable. Malgré un étagement de boîte excessivement long, les 72,6 mkg de couple assurent des reprises foudroyantes. Les accélérations sont tout aussi bestiales. Les Michelin Pilot Sport en 345/30 R19 laissent de la gomme au démarrage, mais le 0 à 100 km/h est tout de même réalisé en 4’’8 ! Moins de 18 secondes plus tard, les mille mètres sont franchis (22’’7). Les Ferrari 575 Maranello et autres Mercedes CL 65 AMG ne peuvent lutter. Dans l’imaginaire de beaucoup, la Viper reste une bête de course indomptable.
L’Américaine a pourtant su tirer profit de son expérience en endurance pour livrer un châssis excellent. Même sur des petites routes sinueuses, elle démontre une agilité et une précision surprenantes grâce à une répartition des masses adéquate (48/52). L’empattement allongé de 66 mm et les nouveaux combinés ressort/amortisseur participent également à cette amélioration du comportement. Le freinage, désormais doté d’un ABS, est époustouflant et le train avant mord la moindre corde avec une facilité étonnante. Contrairement à sa devancière, les ruades de la poupe sont facilement contrôlables. Mais il convient de ne pas trop titiller la bête dans les grandes courbes…