Le concept car voulu par Bob Lutz avait pour objet d’en mettre plein la vue. Objectif atteint au vu de l’engouement du public à la découverte de la Dodge Viper en 1989. Devant ce succès d’estime, cette auto hors normes est commercialisée d’abord aux USA puis enfin en Europe (sous la marque Chrysler) avec quelques modifications (suppression des échappements latéraux, nouvelles émissions polluantes de la mécanique…) et à la clé des chevaux en moins.
Qu’importe, car le coeur de ce monstre qui se réclame en droite ligne de la mythique Cobra, est un V10 déjà utilisé par le Dodge RAM, un énorme pick-up, et développe la bagatelle de 394 ch à 5 150 tr/mn. Cette mécanique est au départ un V8 auquel deux cylindres supplémentaires ont été greffés et dont l’ingénierie a été réalisée par Lamborghini. Tout alu, cette pièce de choix dispose d’une cylindrée record de 7 990 cm3 au caractère très typé US : 63,2 mkg de couple à 3 600 tr/mn et un régime maxi peu élevé à un peu plus de 5 000 tr/mn.
Mais n’imaginez pas avec elle un cruising tranquille à l’américaine, coude à la portière, même si la boîte mécanique Getrag à six rapports dispose d’une 6e allongée (à 130 km/h on est proche du régime du ralenti !).
Eprouvante
Il faut en effet de la poigne, un gros coeur et du doigté pour dompter la bête. Malgré une suspension à triangles superposés, le châssis manque franchement de rigueur et le freinage d’efficacité pour inspirer confiance. Les commandes sont viriles et le pédalier est très décalé à gauche (à cause de la boîte), rendant la conduite pour le moins éprouvante au quotidien, sans parler de la chaleur insupportable dégagée par le moteur.
Pas vraiment taillée pour les petites routes de montagne, la Viper permet en revanche de déposer une grande partie de la production mondiale sur autoroute. Les performances sont étonnantes, malgré un Cx très défavorable de 0,55, avec un 0 à 100 km/h autour des 5’’ et le kilomètre départ arrêté en moins de 25’’. Le tout pour la modique somme à l’époque de 489 900 F, soit moins cher qu’une Porsche 911 contemporaine, autrement plus aboutie mais certainement moins originale.
Le physique de la Viper est pour le moins atypique avec ce (très !) long et large capot qui englobe les ailes avant, et cet habitacle très reculé qui semble vous faire conduire assis sur l’essieu arrière qui accueille des gommes gigantesques (335 de large) ! Dans un premier temps, seul le rouge est disponible. Il faudra attendre plusieurs millésimes avant que le choix des coloris ne s’étoffe et qu’une version fermée “GTS” beaucoup plus aiguisée ne soit proposée. Certes, la première Viper est une auto bardée de (gros) défauts mais elle offre à son courageux dompteur le grand frisson en lui injectant le venin favori des sportifs : l’adrénaline.