L’histoire de cette Corvette davantage tournée vers la piste est plutôt récente puisqu’elle a intégré la gamme au début des années 2000 (5e génération). L’appellation Z06 est apparue pour la première fois sur un pack d’options proposées sur la 2e génération, en reprenant l’initiale de l’ingénieur (et pilote) ayant poussé General Motors à radicaliser la GT : Zora Arkus-Duntov. Pour la 7e génération à structure alu, Chevrolet franchit un cap en dopant le V8 à coups de compresseur Eaton et en délivrant 659 ch, laissant présager une ZR1 encore plus folle (765 ch) ! Le potentiel de cette Z06 est stratosphérique, comme la poussée oppressante et terrifiante. Le 6,2 litres suralimenté dérivé de la C6 ZR1 met KO, avec près de 90 mkg qui déboulent à 3 600 tr/mn ! La force de ce LT4 est telle qu’elle gomme le handicap généré par la démultiplication des rapports, caricaturale. Pourtant, la boîte manuelle en compte sept. Mais vous pouvez rouler en seconde à 130 km/h et la vitesse maxi s’obtient en cinquième avec le pack Z07. Une alternative à convertisseur et 8 rapports existait, mais profiter d’un levier sur une telle bête relève de l’aubaine. Évidemment, il réclame de la poigne. Les changements s’avèrent toutefois précis et l’on peut même profiter d’un talon pointe automatisé (Rev Match enclenchable depuis les palettes). Bon, réussir un départ canon demande de l’entraînement. Mais la première rupte à 110 km/h et Chevrolet a ajouté une aide précieuse : le launch control. Les accélérations ne sont toutefois pas au niveau attendu de la part d’une furie de 659 ch, comme la vitesse maxi qui plafonne à 300 km/h avec le pack Z07 (aileron réglable, lame et jupes en carbone) favorisant l’appui (136 kg maxi). Une C6 ZR1 de 647 ch grimpait facilement à plus de 330 km/h, comme nous l’avions constaté.
Au niveau des meilleures
Vous vous en doutez, la Z06 sacrifie la polyvalence chère à la classique C7 sur l’autel de l’efficacité. Bien que l’amortissement soit piloté électro-magnétiquement, les compressions sont très raides. Cette Corvette radicalisée évite de lire copieusement la route, mais gare à la lame avant en carbone proche du sol. Surprise, cette génération demeure une targa, dont le toit en carbone se retire pour aérer un habitacle surchauffé et mieux profiter du V8. En optant pour le pack Z07 (16 640 €), la Z06 se mue en pistarde pure et dure : appui aéro, semi-slicks Michelin, freins carbone/ céramique. Le dynamisme devient sidérant sur le sec, avec une force latérale atteignant 1,3 g. Le mode d’emploi est moins compliqué qu’imaginé, grâce à un parfait équilibre et à un arrière plutôt bien tenu. Mais pour aller chercher les derniers dixièmes, il faut se cracher dans les mains (boîte, travail au volant) et être réactif, car le monstre sort les griffes et devient brutal. Le jeu en vaut la chandelle : 1’18’’48 sur la piste Club de Magny-Cours (vidéo), juste derrière l’actuelle 992 Turbo S à la puissance voisine. Et tout cela malgré une aéro pénalisante en ligne droite ! Chevrolet joue dans la cour des grands et réussit un tour de force pour la plus folle des Corvette à moteur avant importées en Europe. À l’époque, il s’agissait déjà d’une affaire en avoisinant les 130 000 E. Alors maintenant qu’elle s’échange à moins de 100 000 €…