La Corvette incarne le rêve américain depuis 1953, avec des performances obtenues grâce à des moteurs de cylindrées inhabituelles en Europe qui la transforment en dragster typiquement US. La comparaison avec une autre légende apparaît inévitable, la 911, mieux pensée et plus homogène, à la culture totalement opposée. La Porsche traverse le temps en progressant “froidement” dans tous les domaines, mais la Chevrolet possède ce grain de folie qui la rend si attachante. La C5 marque un tournant décisif en démontrant que l’Amérique ne manque pas non plus de génie. Elle s’offre un tout nouveau moteur qui s’inscrit parmi les blocs “compacts” à l’échelle des States.
La cylindrée de 5,7 litres et l’arbre à cames central ne déroutent pas les puristes d’outre-Atlantique, tandis que l’Europe découvre un V8 regorgeant logiquement de couple et qui sait faire preuve d’allégresse. S’il subsiste un sixième rapport destiné au cruising, les autres reprises se révèlent particulièrement vigoureuses et les accélérations musclées. Cette corvette n’a pas à rougir face à la Porsche, ni même une M3 et autres Venturi, en performances comme en comportement. En dépit d’une impression de grosse voiture, sans doute accentuée par la largeur imposante, l’auto dissimule un poids relativement raisonnable. La conception simple mais inspirée de la compétition repose sur un châssis poutre recouvert d’une carrosserie en matériaux composites.
Hyper attachante
Certes un peu encombrante sur les petites routes, cette stricte deux places dévoile une réelle agilité doublée d’un bel équilibre. Le moteur est bien reculé et la boîte renvoyée pour la première fois sur l’essieu arrière afin de mieux centrer les masses, tandis que les suspensions font appel à d’excentriques ressorts à lames transversaux. Derrière le volant, on ressent un flou caricatural dans la direction et une grande nonchalance de prime abord. Le train avant demande à être inscrit avec une autorité. La Corvette accepte alors de virer sans sourciller, de pivoter et même de s’adonner au “drift” en toute décontraction. Les réactions toujours prévisibles mettent vite en confiance.
Cette facilité réside en partie dans un niveau d’adhérence moyen qui réduit les vitesses de passage et donne ainsi le temps de gérer de grandes dérives ou même des glissades. L’efficacité se montre donc honnête mais limitée, notamment inférieure à celle d’une désordonnée Z3 M qui demande en retour des talents d’acrobate. L’amortissement n’est pas parfait non plus dans certaines fréquences, même avec les suspensions pilotées qui se sont succédées. La série limitée Commemorative Edition allégée, raffermie et dotée de pneus spécifiques, apporte un regain d’efficacité mais devient alors bien plus délicate à la limite.
La C5 conquiert donc le vieux continent par son tempérament débordant et se fait pardonner un agencement intérieur plutôt clinquant que la batterie de gadgets ne peut occulter. Mais on ne peut proposer un prix inférieur à la concurrence et un équipement pléthorique, même s’il se révèle souvent inutile, sans faire quelques concessions sur la qualité des plastiques… Il n’empêche que pour environ 25 000 € seulement de nos jours, cette GT américaine hyper attachante vous en donnera pour votre argent.