Avec la renaissance de la mythique appellation GTA en 2002, Alfa Romeo annonce la couleur. Ces trois lettres symbolisent en effet quelques-unes des plus belles années de la marque en compétition, à la fin des années 60. Evidemment, les mauvaises langues se délient devant l’association d’une berline familiale de 1,4 tonne et des initiales signifiant “Grand Tourisme Allégé”. Les inconsolables des propulsions Alfa, eux, s’indignent de voir que la vitrine sportive de la marque milanaise est devenue une simple traction.
Une traction, oui, mais tout sauf simple ! Symbole d’une nouvelle ère de conquête, la 156 est déjà, à l’origine, une voiture à part dans son segment, misant sur la ligne, incontestablement la plus racée chez les berlines moyennes de l’époque. Avec ses pneus larges, des bas de caisse saillants, une double sortie d’échappement ou encore de superbes jantes de 17”, la GTA ne fait que souligner ce trait de caractère tout en faisant preuve d’une savante retenue. Dans l’habitacle, on retrouve l’élégance sportive typiquement transalpine, mais la qualité de certains matériaux et la finition laissent à désirer. Signes particuliers de la GTA : de beaux sièges sport au maintien relatif, un pédalier alu et un tachymètre affichant 300 km/h ! Bien sûr, l’aiguille ne flirte jamais avec la dernière graduation, mais elle vient titiller sans mal les 260 compteur pour un splendide 248 chrono !
Clameur métallique
Voilà qui fait de la 156 GTA l’une des berlines les plus véloces de la planète. Son secret ? Un V6 sur lequel ceux qui l’ont côtoyé pourraient disserter pendant des heures. Ce bloc est une évolution du 3,0 litres des 166 et GTV dont la cylindrée a été portée à 3,2 litres par augmentation de la course. Il ne bénéficie d’aucun raffinement dernier cri, même pas d’une distribution variable, mais délivre 250 ch quand le six en ligne d’une BMW 330i se contente alors de 231. La transmission d’une telle cavalerie aux seules roues avant et sans autobloquant ne se fait pas sans mal. Les pneus souffrent mais, passé le handicap du décollage, la GTA s’envole et signe un remarquable 27”5 au 1 000 m départ arrêté. Malgré un couple maxi haut perché, les reprises sont elles aussi époustouflantes. Mais au-delà des performances pures, le pilote retient avant tout un agrément moteur hors norme.
Souple et docile, le V6 ronronne à bas régime puis pousse crescendo en laissant échapper une clameur métallique ensorceleuse. Le panache de la mécanique s’accorde à merveille avec celui du châssis. Revue de fond en comble, la suspension se montre ferme et peu tolérante mais participe à l’agilité remarquable de l’auto. On peut même parler d’un tempérament joueur, avec un train avant incisif mis en exergue par une direction hyper directe assez déroutante (1,75 tour de butée à butée !) et une poupe capable d’engager sans qu’un ESP castrateur ne gâche la fête. Quant au freinage signé Brembo, il s’acquitte honnêtement de sa tâche. Au final, la 156 GTA n’est pas juste une familiale délurée, c’est une sportive authentique, plus raffinée qu’une Subaru WRX et plus racée qu’une BMW 330i, avec une âme et surtout un sacré coeur