Faut-il former les conducteurs au pilotage des voitures les plus puissantes et performantes du marché ? Maintenant que certaines familiales électriques développent un millier de chevaux et peuvent se catapulter en ligne droite comme de véritables supercars, l’idée ne paraît pas totalement saugrenue quand on sait que ces autos nécessitent un minimum d’expérience et de sagesse pour éviter les problèmes sur la route.
En Australie dans l’état d’Australie du Sud, le législateur a décidé d’aller plus loin que les simples réflexions à ce sujet. Suite à un accident très médiatisé dans lequel le conducteur d’une Lamborghini Huracán a tué un piéton après une grosse erreur de conduite sur la voie publique, les autorités ont décidé de mettre en place un permis de conduire spécial pour les « voitures de très haute puissance ». Ce permis « U », qui concernera environ 200 modèles commercialisés en Australie du Sud, s’appliquera aux autos pesant moins de 4 500 kg dont le rapport poids / puissance sera de plus de 375 chevaux par tonne soit moins de 2,7 kg/ch. Une condition assez limitative puisque des autos comme la BMW M3 ou l’Alfa Giulia Quadrifoglio échapperont ainsi à cette réglementation spécifique.
Il faudra passer par un apprentissage plus poussé que les simples épreuves classiques du permis de conduire pour obtenir ce permis spécial (sous une forme qui reste à déterminer dans le détail), ce qui n’a rien de vraiment choquant sur le papier. En revanche, la loi prévoit l’interdiction totale de la déconnection de l’ABS mais aussi de toutes les aides à la conduite y compris l’antipatinage et l’ESP. Un conducteur qui désactiverait l’une des aides à la conduite sur route ouverte pourrait être sanctionné d’une amende de 5 000 dollars australiens, soit un peu moins de 3 000€.
Mais dans ce cas, que faire des anciennes voitures dépourvues de la moindre aide à la conduite ? Faut-il interdire toutes les balades en voiture de sport où l’on se plait à explorer parfois les limites dynamiques d’autos parfois passionnantes à piloter « sans filtre » ? Si l’idée de former les automobilistes à la conduite de machines puissantes est difficile à critiquer, celle de verrouiller totalement l’accès aux aides à la conduite nous paraît moins pertinente. Dans la plupart des accidents « stupides » et totalement évitables, ces aides à la conduite ne constituent en rien un rempart contre les comportements les plus inconscients et peuvent au contraire conférer un sentiment d’invincibilité. Jusqu’au moment où plus aucun rattrapage n’est possible, ESP ou pas…