Il suffit qu’un trio de Mini fasse son cinéma pour résumer l’esprit de la marque. Ceux qui ont vu le film « L’or se barre », sorti en 1969, ou sa réinterprétation moderne « Braquage à l’italienne » apparue en 2003 le savent mieux que personne. Trois braqueurs d’or à bord de trois Mini tentent d’échapper aux griffes de la police. S’ensuit une folle poursuite qui marquera des générations de “bagnolards” cinéphiles. Un tel spectacle donne envie de traverser l’écran pour prendre le volant de cet infernal trio, virevoltant dans un gymkhana urbain à vous couper le souffle. Avant bien sûr de se ruer chez un concessionnaire Mini pour goûter à ce bonbon anglais délicieusement épicé qui transforme le moindre itinéraire en cavale effrénée. Surtout dans ses versions les plus exclusives et déjantées baptisées GP. Les trois générations qui se réunissent ici en vallée de Chevreuse donnent furieusement envie de rejouer la scène du film. Même sans la moindre trace de lingot d’or dans le coffre, débarrassé de banquette arrière !
Les trois générations de GP qui se réunissent en vallée de Chevreuse donnent furieusement envie de rejouer la scène du film
Revue de troupes
En ressuscitant avec talent Mini en 2001, BMW réalise un hold-up parfait. La descendance reprend l’esprit originel et flatte autant les rétines que les amateurs de conduite. La dynamique Cooper S s’impose vite, avant l’arrivée d’un kit JCW qui porte la 1,6 litre compressé de 170 à 210 ch. Avant de passer la main, la génération R53 s’offre un cadeau d’adieu baptisé Cooper S JCW GP. Limitée à 2 000 unités, elle porte son numéro sur le toit et sur un autocollant niché sur la planche de bord côté passager. Ce 1 186e exemplaire sorti des chaînes d’Oxford appartient à Romain Monti. L’aspect collector et la sportivité jusqu’alors jamais atteinte par une Mini ont vite convaincu notre pilote maison. Par rapport au kit JCW, le châssis reçoit des ressorts plus fermes, des amortisseurs renforcés, des freins plus gros et des jantes allégées de 18 pouces. La GP qui ne s’apprécie qu’à deux grappille encore 8 ch en retouchant la gestion et l’échangeur d’air du compresseur.
En ressuscitant Mini, BMW réalise le hold-up parfait. La descendance reprend l’esprit originel et flatte autant les rétines que les amateurs de conduite
Clément nous rejoint à bord de sa remplaçante (R56), elle aussi limitée à 2 000 exemplaires et se gare à côté. À première vue, je me demande s’il ne s’est pas fait refourguer la précédente : silhouette, roues aux quatre coins, proportions, ailerons, spoilers ou double sortie d’échappement centrale. En m’approchant, je remarque que la deuxième génération chausse du 17 pouces, alors que la première osait le 18 pouces. Elle reçoit un vrai diffuseur, des bas de caisse moins proéminents, arrondit ses phares et étire subtilement son museau qui participe à lui faire gagner une dizaine de centimètres en longueur. Sans doute plus rationnelle dans ses méthodes de production, elle laisse à sa devancière la primeur de quelques détails artisanaux. Alors que toutes les Mini R53 intègrent leur troisième feu stop sur le toit, l’aileron spécifique de la toute première GP l’oblige à déplacer le sien sur la lunette arrière et de combler l’espace vacant sur le pavillon par un cache spécifique.
À bord de la petite nouvelle F56 limitée à 3 000 unités, le dernier des trois braqueurs à arriver sur les lieux du crime se sent d’humeur taquine à la vue de ses ascendantes : « Vous faites les mêmes pour homme ? ». La troisième génération est métamorphosée et cela se voit de très loin. Elle se rallonge encore de dix bons centimètres et s’élargit de pratiquement 8 cm par rapport à sa devancière. Elle en impose, avec ses gros feux arrière et un kit carrosserie digne d’un prototype de circuit ou du WRC. Sur une citadine, personne n’avait encore osé des élargisseurs d’ailes en plastique renforcé de fibres de carbone (PFRC) et un aileron aussi conséquent. Pour repartir incognito après avoir fait sauter le coffre-fort, c’est raté !
Le bon
Un épais volant en cuir, surmonté d’un petit compte-tours et d’un immense tachymètre entre le conducteur et le passager, rappelle vite que la monture de l’ami Romain est une Mini ! Les premières bosses sèchement amorties prouvent que c’est une GP, avec un châssis bien plus ferme que celui des versions normales. Les baquets en cuir dont l’assise est étonnamment moelleuse participent sans le savoir à filtrer le profil de la route tout en se montrant suffisamment enveloppants pour enchaîner les appuis. Les appuis justement, deviennent diablement addictifs à bord d’un joujou aussi communicatif. La direction participe au plaisir, même si je finis par me demander si l’assistance n’est pas en panne, avec un tel effort au volant. Rassurez-vous, cette fermeté permet de bien ressentir le travail et les limites d’adhérence du train avant. La capacité à virer à plat et la franchise de la direction n’ont jamais été si proches de l’esprit karting si cher à la marque. Le 1 600 cm3 compressé fait vite oublier la commande de boîte caoutchouteuse. Son caractère piquant à l’abord de la zone rouge fixée à 7 100 tr/mn et la progressivité avec laquelle il délivre les 218 ch ménagent la motricité. Elle permet de reprendre les gaz suffisamment tôt sans trop élargir la trajectoire, même si la présence d’un autobloquant apparaît plutôt discrète. C’est la sonorité atypique et le bruit de sirène de plus en plus aigu émis par le compresseur qui rendent ce petit bloc aussi attachant. En attaquant, les délicieuses routes de la vallée de Chevreuse donnent diablement envie de refaire la poursuite, histoire de mettre la cargaison en lieu sûr… La philosophie Mini, on la trouve exacerbée dès cette première GP.
Mini GP R53
- L/l/h : 3665 / 1668 / 1416 mm
- Poids annoncé : 1120 kg
- Moteur : 4 cylindres à compresseur, 1598 cm3, 218 ch à 7100 tr/mn, 250 Nm à 4600 tr/mn
- Performances : 0 à 100 km/h en 6’’5, 235 km/h
- Prix à sa sortie en 2006 : 32400 €
- Nombre d’exemplaires : 2000
La brute
Je ne me souvenais plus que la deuxième GP de l’histoire déménageait autant ! Dieu sait pourtant si la torride séance de contre-braquage sur une piste Club détrempée reste ancrée dans ma mémoire depuis sept ans. Certes, le 1,6 litre à la puissance équivalente au prédécesseur profite d’un turbo pour délivrer un sacré punch, mais à ce point ! Le gros coup de pied aux fesses vers 3 000 tr/mn et la faculté à tout donner jusqu’à plus de 6 500 tr/mn n’a ici rien à voir. Quel pétard ! À mes côtés, Clément s’en amuse : « La cartographie revue et l’échangeur Forge permettent au turbo de souffler à 1,2 bar ». Logique, le garçon est intime avec l’ami Marcel de chez BR Performance qui s’est penché sous son capot. Ceux qui connaissent le talent du sorcier et ses capacités à transformer une Alpine A110 en mangeuse de GT3 savent que les 270 ch et les 35,7 mkg de couple délivrés impressionnent davantage dans la vraie vie que sur le papier. S’y ajoute un collecteur Akrapovic pétaradant à souhait, des disques de freins Tarox et les indispensables plaquettes Pagid R29 offrant un freinage à l’attaque parfaite. Les sorties de virage malmènent la motricité, surtout qu’aucun autobloquant ne vient ici au secours du train avant, et les accélérations musclées sur routes demandent de gros bras. L’amortissement semble plus souple et les mouvements parasites moins contenus par rapport à l’aînée. Étant donné le surplus de puissance ici et la vitesse à laquelle les virages déboulent, c’est logique. Avec le moteur d’origine, le phénomène est moins marqué. Le reste des sensations rappelle la première GP, malgré une sellerie plus ferme et une direction plus légère, y compris en Sport censé la durcir. Même une fois chargée de lourds lingots, la GP2 tonitruante de Clément a toutes les chances de ne pas être rattrapée !
Mini GP R56
- L/l/h : 3774 / 1683 / 1393 mm
- Poids annoncé : 1160 kg
- Moteur : 4 cylindres turbo, 1598 cm3, 218 ch à 6000 tr/mn, 280 Nm à 2000 tr/mn
- Performances : 0 à 100 km/h en 6’’3, 242 km/h
- Prix à sa sortie en 2013 : 37900 €
- Nombre d’exemplaires : 2000
Et le truand
Sur la toute dernière GP, la vitesse se lit sur un écran 5 pouces installé juste devant le conducteur. Tant mieux, car les graduations défilent très vite ! Malgré l’impression de conduire une voiture plus imposante, l’esprit Mini demeure : direction précise, mouvements de caisse inexistants et châssis noyaux de pêche. Sauf que le film se déroule en accéléré. Le 2 litres de 306 ch sonne la charge dès 2 000 tr/mn et cogne jusqu’au rupteur. Le caractère n’a rien de rageur, mais quelle patate ! Le 0 à 100 km/h annoncé en 5’’2 est plausible et lui permettrait d’être l’une des plus performantes tractions du marché. Dommage que la boîte auto gâche la fête. Une bonne vieille commande à poigne comme celle des petites sœurs rendrait la conduite plus savoureuse. À sa décharge, les deux mains ont déjà fort à faire, vu la capacité des 45,7 mkg à tirer dans les bras. Les efforts derrière le volant sont récompensés par une motricité étonnante grâce au différentiel Torsen, qui a le bon goût de maintenir le nez à la corde. Le grip, l’amortissement costaud et la faculté du châssis à encaisser les gros appuis n’ont plus rien à voir par rapport aux précédentes GP. En tournant pratiquement 30’’ plus vite que sa devancière sur la Nordschleife, le 3e opus entre dans une autre dimension : celles des tractions radicales de catégorie supérieure. Elle reste donc la mieux armée pour se faire la belle avec le butin.
En tournant pratiquement 30 » plus vite que sa devancière sur la Nordschleife, le 3e opus entre dans une autre dimension
Mini GP F56
- L/l/h : 3879 / 1762 / 1420 mm
- Poids annoncé : 1255 kg
- Moteur : 4 cylindres turbo, 1998 cm3, 306 ch de 5000 à 6250 tr/mn, 450 Nm 1750 à 4500 tr/mn
- Performances : 0 à 100 km/h en 5’’2, 265 km/h
- Prix à sa sortie en 2020 : 44900 €
- Nombre d’exemplaires : 3000