Il faut être indulgent avec Mercedes. La firme a dépensé l’équivalent du PIB d’un petit pays pour développer sa berline électrique EQE, mais elle a depuis lancé une nouvelle classe E qui, en version hybride rechargeable E300e, surpasse la version électrique dans tous les domaines.
Oubliez les bruits et les absurdités selon lesquels les hybrides rechargeables ne sont pas une solution pour ceux qui ne veulent pas encore faire le saut vers un véhicule 100% électrique. Certains disent qu’embarquer deux moteurs dans un hybride rechargeable va à l’encontre du but recherché. Si cela a pu être vrai lorsque les premiers PHEV sont arrivés il y a plus de dix ans, les modèles actuels sont exactement ce dont beaucoup ont besoin aujourd’hui : une conduite sans émissions en ville et pas un soupçon d’angoisse concernant la recharge lorsque l’on se trouve plus loin.
Technique
Avec une autonomie électrique de 115 km grâce à sa batterie de 25 kWh et un moteur essence quatre cylindres 2,0 litres turbo capable de parcourir 560 km supplémentaires associé à une boîte de vitesses automatique à neuf rapports, notre E300e AMG Line Berline ne cherche pas à attirer l’attention en faisant les gros titres, et se contente de faire ce qu’elle a à faire.
Dans le froid piquant de la période actuelle, nous avons parcouru plus de 95 km en mode électrique sur tous les types de routes, à la même vitesse qu’avec une Classe E à moteur thermique, avant que le quatre cylindres ne se mette en route. À aucun moment, la propulsion électrique ne nous a paru gênante, son couple instantané est plus facile à gérer et il n’y a pas ce côté » tout ou rien » des véhicules 100% électriques, ce qui rend la conduite beaucoup plus calme.
Même lorsque la charge batterie est faible, il en reste toujours suffisamment pour démarrer chaque trajet en silence. Le passage de l’électrique (fournissant 129 ch) au moteur à essence de 204 ch (pour un total cumulé de 313 ch) se fait en douceur, sans forcément rester discret car ce moteur thermique n’est pas le bloc le plus silencieux qui soit et émet parfois un son rauque et ne se montre pas extrêmement doux sur toute sa plage de puissance et de couple (550 Nm au total tout de même). Mais malgré ses 2210 kg (400 kg de plus que l’E200 qui partage le même moteur à combustion interne), il ne semble jamais essoufflé ni léthargique. Pour l’utilisation pour laquelle cette E300 e a été conçue, la façon qu’elle a de déployer sa puissance n’est pas critiquable.
Comportement
La classe E est proposée de série avec des ressorts en acier et des amortisseurs adaptatifs, mais vous pouvez choisir en option la suspension pneumatique et les roues arrière directrices (les deux sont indissociables dans le pack Technique à 3400 euros). Cette configuration plus traditionnelle n’a pas d’incidence sur la sérénité offerte par la Classe E. Son comportement est calme et mesuré, sans mouvements inattendus dans l’habitacle. Le contrôle de caisse est également très bon et l’ensemble de la voiture semble conçue et réglée pour être aussi détendue que possible, même si cela signifie que la direction est trop légère pour que l’on puisse bénéficier d’un train avant très précis. Mais ce n’est pas un problème, car la Classe E n’a jamais été une voiture qui aime être bousculée.
Les imperfections plus importantes de la chaussée sont plus difficiles à contenir, elles révèlent les limites de la suspension passive et font regretter l’absence d’un amortissement pneumatique. Et selon le revêtement (notamment les portions en béton), le bruit des pneus est plus important que ce à quoi on pourrait s’attendre. À l’intérieur, la Classe E progresse considérablement par rapport aux produits actuels en termes de finition (c’est l’une des premières Mercedes que nous conduisons depuis longtemps sans aucun grincement ou cliquetis), cependant certains plastiques restent durs et cassants avec des arêtes étonnamment vives. On peut aussi penser que tout ça saute aux yeux car le reste de l’habitacle est d’un niveau très élevé.
Vie à bord
Les commandes sont également intuitives. Certes, il y a deux grands écrans, le passager ayant également le sien, mais la configuration plus petite du « super-écran » met en évidence l’absurdité des hyperscreens que Mercedes installe dans d’autres modèles. Un simple bouton marqué d’une silhouette de la voiture permet d’accéder directement au bouton de désactivation de l’assistance au maintien de la trajectoire (bien qu’il faille le désactiver à chaque redémarrage de la voiture), et le reste des commandes est d’une utilisation logique.
Je trouve que la technologie est un peu trop présente, avec tout ce qui va de l’éclairage intérieur qui peut réagir à la conversation entre les passagers ou au son provenant du système de divertissement. Il y a également un système de son surround « 4D » qui inclut des haut-parleurs dans les sièges mais, mis à part vous rendre malade, difficile de savoir à quoi ça sert. Toutefois, comme il est possible de les ignorer et de les éteindre complètement, la Classe E devient alors l’une de ces voitures qui réalise tout ce qu’elle a à faire avec un niveau de qualité supérieur à celui pour lequel elle a été conçue. Il faut dire qu’avec un prix de départ de 77 800 euros, il n’y a guère d’excuses.
En résumé, si vous n’avez pas encore tranché personnellement le débat sur le passage à un véhicule 100% électrique et que vous avez quand même besoin d’une grande berline électrifiée, l’E300e est un bon point de départ.