Une entrée de gamme onéreuse
À partir de quel prix une voiture à quatre cylindres devient-elle trop chère ? C’est une question qui se pose de plus en plus régulièrement alors qu’Alpine concocte des séries spéciales A110 toujours plus onéreuses et que Lotus lance son Emira i4. Cette nouvelle SL 43 fait également partie de l’énigme. Elle utilise une version de 381 ch du 4 cylindres 2 litres M139 désormais partagé avec Lotus, mais elle s’affiche à un prix beaucoup plus élevé de 148 500 euros que n’importe quelle Emira (dont la version de lancement de l’i5 débute sous les 100 000 euros).
En fait, elle reçoit une hybridation légère 48 volts, une solution inspirée de la F1 qui permet de supprimer le temps de réponse du turbo à bas régime. Néanmoins, ses performances paraîtront modestes au regard de l’histoire des roadsters AMG et si son 0 à 100 km/h en 4″9 semble très correct sur le papier, il ne se traduit pas de manière très spectaculaire dans la réalité. Après, c’est peut-être ce que vous recherchez si le look du SL vous plait mais que vous n’appréciez pas plus que ça les grondements d’un V8.
Il faut aussi préciser que le SL 43 ne joue pas vraiment la carte de la sobriété comme le ferait un véhicule entièrement hybride, puisque s’il est annoncé avec une consommation combinée de près de 9l/100 km, il se rapproche plutôt des 15l/100 km en conduite intensive. Et bien qu’il vous permette d’économiser 52 000 euros par rapport au SL 63, on ne peut décemment pas dire qu’il s’agit d’une bonne affaire.
Mais quel est donc son atout majeur ?
En fait, une grande partie de la complexité qui caractérise la version V8 est absente. Les quatre roues directrices et motrices ont disparu et ce SL 43 s’en tient à la tradition en conservant la direction sur les seules roues avant et la transmission à l’arrière. La suspension passive à ressorts hélicoïdaux est traditionnelle et, au final, vous vous retrouvez avec 230 kg de moins à trimballer que le SL 63 (dont une bonne partie est prélevée sur le train avant). Cela se ressent tout de suite, avec des réactions plus nettes et plus précises qui montrent que la transmission intégrale est superflue lorsque le poids est maîtrisé.
Je ne prétends pas là qu’un roadster de 1,8 tonne est un engin parfait pour le circuit, non, je veux juste dire que passer du SL 63 au SL 43 est plus flatteur pour la ‘petite’. Le confort de roulage du SL 43 est également meilleur car moins marqué par le poids, même si on ne peut pas dire qu’elle soit vraiment souple car elle peine toujours sur les revêtements dégradés de nos routes de campagne. Les SL plus anciennes – celles qui n’ont pas été développées sous l’aile d’AMG – pourraient survoler ce type de surfaces avec un peu plus de grâce. Mais par chance, le SL ne se désunie pas et se contente de transmettre bruyamment les bosses et les ornières qu’il rencontre à son mobilier intérieur qui commence déjà à grincer.
L’intérieur est très hétérogène en termes d’ergonomie et de qualité. Certains matériaux sont sublimes, d’autres paraissent nettement moins chers. L’interface numérique est facile à configurer et toujours lisible, mais le grand écran tactile central est très présent dans le champ de vision, ce qui peut vite vous distraire. Et moins on parlera des tentatives d’ouverture et de fermeture de la nouvelle capote en toile à l’aide de l’écran, mieux ce sera.
Un moteur pas central
Mieux vaut parler du moteur. Pour être tout à fait honnête, je dirai qu’il n’est pas très enivrant pour le prix de l’auto et qu’il se présente comme un simple composant de la voiture plutôt que comme l’élément principal. Il est très discret à bas régime, l’excitation et la tension ne viennent que lorsque le régime grimpe. Je pense que vous prendrez rapidement l’habitude de laisser son échappement sport actif. J’ose à peine l’avouer mais je suis sur le point d’épouser les vertus du son augmenté. La ligne de basse fournie par le système a juste le timbre qu’il faut pour vous distraire du bruit mécanique du moteur. Cette sonorité constitue une toile de fond agréable, que vous conduisiez avec la capote ouverte ou en fermée.
Ce moteur a du punch et semble mieux fonctionner avec la boîte automatique 9 rapports que le SL à moteur V8. Bien entendu, il n’a pas le même caractère mais c’est normal car ce moteur est là pour remplacer les six cylindres qui ont équipé les roadsters Mercedes depuis toujours. Et vu comme ça, le downsizing n’est pas un crime, surtout si l’on considère le raffinement de ce groupe motopropulseur à un rythme de croisière raisonnable. Le SL 43 se déplace sans effort à très bas régime. Quant à l’hybridation qui ajoute 14 ch ? Il vous faudra écouter attentivement pour remarquer son implication. La douceur est vraiment le mot qui convient.