Il y a des jours où il faut mettre de côté son cynisme et se contenter d’être heureux. Aujourd’hui est l’un de ces jours. Les nouvelles Lamborghini à moteur central V12 ne sont pas si fréquentes : Miura, Countach, Diablo, Murciélago, Aventador et maintenant la Revuelto.
Dans sa prime jeunesse, Lambo sortait toujours les voitures les plus scandaleuses et les plus choquantes de la planète. En voir une était un plaisir rare. La Revuelto arrive dans un monde où les supercars pullulent avec de volumes de ventes sans précédent et des sportives électriques qui ont complètement redéfini la vitesse à laquelle un objet à quatre roues peut vous propulser sur la route. La Revuelto développe 1015 ch grâce à la combinaison d’un nouveau V12 de 6,5 litres et de trois moteurs électriques. Elle coûte environ 500 000 euros. Et elle n’est pas encore parfaite.
Heureusement, Lamborghini a gardé son goût pour le spectaculaire et l’humour mais avec la Revuelto, la firme a ajouté une nouvelle couche de sophistication dynamique. C’est une voiture qui fait référence au passé et qui conserve son V12, mais elle donne en même temps l’impression d’intégrer parfaitement les nouvelles technologies plutôt que de les subir simplement pour apaiser les législateurs. La nouvelle supercar hybride fait un bond en avant par rapport à son prédécesseur, l’Aventador, qui a été lancé en 2011. C’est plus qu’un bond, elle est transformée.
Technique
Passer en revue les « bases » de n’importe quelle supercar hybride est assez pénible . Ce sont des voitures incroyablement complexes. Mais voici quand même les ingrédients de base. Le châssis se compose d’une baignoire en fibre de carbone, d »une crash-box avant en fibre de carbone et d’un treillis tubulaire arrière en aluminium, le tout étant baptisé « monofuselage ». La suspension est assurée par une double triangulation aux quatre coins et des amortisseurs MagneRide. Le moteur est monté longitudinalement mais penché de 180 degrés par rapport à l’Aventador pour faire de la place à un pack de batteries de 3,8 kWh. La boîte double embrayage à huit rapports montée transversalement est inédite. La marche arrière est assurée par un moteur électrique à flux radial, situé sur le dessus de la boîte de vitesses, et deux autres moteurs électriques (à flux axial) se trouvent sur l’essieu avant. Cela rajoute 300 ch sur chaque essieu qui peuvent être utilisés de plusieurs manières (pas seulement pour la puissance) car ces éléments ont été choisis du fait de leur couple élevé. La Revuelto dispose d’un système de vectorisation du couple particulièrement élaboré et des roues arrière directrices.
Ce V12 L545, décrit comme « entièrement nouveau », est une œuvre d’art de 6,5 litres qui produit 825 ch à 9250 tr/min et 725 Nm de couple à 6750 tr/min. Bien sûr, les moteurs électriques peuvent augmenter le couple à bas régime, mais également jouer sur l’équilibre de l’auto pour améliorer l’agilité à basse vitesse ou la stabilité à haute vitesse. Le moteur arrière est même utilisé par la programmation de l’ESP pour éviter les coupures brutales de l’allumage. La puissance combinée maximale est de 1015 ch. Cela permet de passer de 0 à 100 km/h en 2″5 et d’atteindre une vitesse de pointe de plus de 350 km/h. Il existe des voitures encore plus rapides, mais franchement, qui s’en soucie ? La Revuelto pèse 1772 kg à sec, soit 226 de plus que l’Aventador. Ce qui nous donne deux tonnes avec les fluides et un paquet d’os, de viande et de gras à son volant.
Le ressenti
Mais on ne le sent pas, ce poids. Ou pas tout de suite. Mais même lorsque c’est le cas, la Revuelto reste une voiture très amusante et très performante. Elle est vraiment différente. La position de conduite rappelle encore un peu celle de l’Aventador (mais avec plus d’espace) mais tout ce que vous touchez et actionnez est bien plus raffiné. La direction est légère, elle ne déborde pas d’informations mais elle est précise. Elle est accompagnée d’un châssis qui se montre beaucoup plus agile et plus facile qu’auparavant, elle parait plus équilibrée. La réponse de la direction est agréable et bien que la Revuelto n’ait pas l’incroyable maîtrise de caisse, ni l’hyper-activité d’une Ferrari SF90, elle semble beaucoup plus naturelle. On sent bien qu’un gros V12 se balade derrière vous, mais cela n’apparaît jamais comme une menace.
Comme d’habitude, il existe plusieurs modes de conduite. Une molette située sur la branche gauche du volant permet de sélectionner les modes Città, Strada, Sport, Corsa et Corsa ESC Off, tandis qu’une commande supplémentaire situé à droite permet de choisir les modes Recharge, Hybride et Performance pour gérer l’architecture électrique. La petite batterie ne permet qu’une autonomie de 10 km environ, mais en conduite rapide, elle ne se décharge jamais complètement, de sorte que si vous êtes en mode Corsa, vous disposerez toujours des 1015 ch. Ce qui est rassurant. Le mode Sport est censé être un peu plus souple et plus « amusant », tandis que le mode Corsa est conçu pour le chrono.
La boîte de vitesses est bien meilleure, elle se montre douce et percutante là où l’ancienne boîte à simple embrayage ISR engendrait des saccades et des bruits sourds. Mais ce qui est peut-être le plus surprenant avec la Revuelto, c’est l’impression de simplicité qui s’en dégage. Vous ne ressentez pas les roues arrière directrices, il n’y a pas de changements spectaculaires d’équilibre dans les différentes phases d’un virage comme c’est le cas avec la SF90. Même lorsque la voiture commence à glisser, le comportement du train avant est prévisible et, dans l’ensemble, la Revuelto donne l’impression d’être une propulsion très bien équilibrée. À pleine charge, les freins sont également excellents, avec une régularité de réponse supérieure à celle d’une Aventador ou d’une Huracán, malgré la combinaison de la régénération électrique et du freinage classique.
Nous n’avons essayé la Revuelto que sur circuit, mais malgré cela, la nouvelle voiture semble incroyablement rapide. Si l’on écrase l’accélérateur à 2 500 tr/min, les moteurs électriques apportent une aide précieuse, mais c’est bien la montée jusqu’au limiteur fixé à 9 500 tr/min qui marque l’esprit dans cette Lambo. Personne ne sait encore jusqu’où peut aller ce moteur, mais la douceur qu’il dégage laisse supposer qu’il peut progresser d’un ou deux steps à l’avenir. Mais dès aujourd’hui, il est tout simplement merveilleux.