Le 7 juillet 2023 appartient désormais aux grandes dates de l’histoire de Ford. Le jour où cessa définitivement la production de sa citadine vedette, près d’un demi-siècle après les débuts de la saga. La pétillante ST nous manque déjà mais même sans Fiesta, la fête continue ! On se console à Magny-Cours au volant d’une autre ST un peu plus haute (6 cm), lourde (75 kg) et large (7 cm) bref, un peu plus SUV. La Puma n’est pas vilaine. Elle arrive même à être pimpante dans cette livrée Gold Edition limitée à 999 exemplaires. Difficile pour autant de voir dans cette compacte boursouflée et haut perchée l’héritière d’un authentique esprit GTI en voie d’extinction.
Je déconseille néanmoins aux propriétaires de toutes autres sportives compactes actuelles de moins de 300 ch de la prendre de haut sur une petite route de campagne ou une piste sinueuse comme celle qui nous sert de base de référence. Julien Diez était revenu enchanté (Motorsport N°97) du premier contact avec cette Ford aux aptitudes dynamiques inattendues, au point de lui accorder une sacrée note de 17/20. Inattendues, pas vraiment : d’une part, on connaît la capacité de Ford à concevoir d’excellents châssis tout en préservant de la joie de vivre au volant, de l’autre en jetant un œil à la fiche technique, on observe que ce SUV en réduction pèse 150 kg de moins qu’une Focus ST. 1283 kg, de nos jours, c’est léger. Une fois n’est pas coutume, ce poids annoncé n’a pu être contrôlé chez nos amis de W-Autosport, mais force est de constater que la Puma n’a rien d’une enclume sur le circuit Club.
Je déconseille aux propriétaires de sportives compactes actuelles de moins de 300 ch de prendre la Puma ST de haut sur une petite route de campagne
Traitement de choc
Pour mémoire, le traitement ST repose avant tout sur un copieux raffermissement de la suspension et des réglages ad hoc. Barre antiroulis, ressorts, amortisseurs bitube Hitachi : tout y passe, et cela n’a rien de subtil. Les mouvements de caisse sont formidablement bien maîtrisés pour une citadine des familles au centre de gravité si haut perché. Le train avant est aussi précis qu’engageant, l’arrière mobile juste ce qu’il faut et les vitesses de passage en courbe impressionnantes. Les belles jantes dorées de 19 pouces chaussent d’excellents Michelin Pilot Sport 4S. Ces gommes que l’on retrouve en première monte sur des GT surpuissantes comme la Ferrari 296 GTB n’ont aucun mal à digérer 1,3 tonne et 200 ch.
Au point que, contrairement à ce que nous avions pu observer et apprécier dans des conditions de moindre adhérence, la Puma n’est pas franchement joueuse sur une piste chaude et sèche. La plus GTI des SUV n’en conserve pas moins un grip récréatif grâce à un châssis affûté et vivant, un bel équilibre et une direction juste assez communicative. N’oublions pas l’excellente commande de boîte mécanique et le moteur joyeux qui lui est associé. On retrouve le petit 3 cylindres turbo au timbre singulier de la Fiesta ST, moins présent dans l’habitacle mais toujours aussi prompt à la relance et rageur à l’approche d’une zone rouge que l’on voudrait un peu plus haute (6600 tr/mn seulement).
Nous n’avons pas été en mesure d’effectuer les mesures de performances à Lurcy-Lévis, mais sachez que Ford annonce 6″7 de 0 à 100 km/h contre 6″5 pour la Fiesta ST. Les plus pointus d’entre vous s’étonneront dès lors que la Puma soit 2 km/h plus rapide en bout de ligne de droite à Magny-Cours. Il existe pourtant une explication très rationnelle. Non seulement la Fiesta que nous avions chronométrée n’était pas l’évolution ultime de 2022 (facelift) avec son couple de 320 Nm (+10 %), mais elle chaussait des Michelin Pilot Sport 4 (pas S) moins aptes à transmettre toute la puissance en sortie d’épingle. CQFD. Notez que l’une comme l’autre était équipée du différentiel autobloquant mécanique Quaife inclus dans un pack Performance à 1100 €.
Vous avez sous les yeux ni plus ni moins que la petite GTI en activité la plus efficace du marché !
On doit beaucoup de la motricité, du brio du train avant et au bout du compte du plaisir de pilotage à ce dispositif. Celui-ci permet notamment de conserver, voire de remettre du gaz dans les longues courbes du circuit et grappiller ainsi des dixièmes par poignées entières. Tout est là pour claquer des temps, jusqu’au système de freinage renforcé avec des disques avant de 325 mm de diamètre contre 278 pour la Fiesta ! Le résultat dépasse toutes nos espérances et sans doute les vôtres. L’appareil de mesures affiche un improbable 1’27″81. La Puma ST améliore ainsi de près de 2 secondes le chrono de la Fiesta, ne rend que sept dixièmes à la Focus éponyme de 280 ch, approche le record historique de la catégorie détenu par la Peugeot 208 GTI 30th (1’27″30) et surclasse d’un petit dixième la diabolique Hyundai i20N. Vous avez sous les yeux ni plus ni moins que la petite GTI en activité la plus efficace du marché ! Au cas où certains seraient tentés de comparer cette Ford au Juke Nismo RS en 2015, rappelons sans se moquer que ce dernier avait tourné ici en 1’33″40. Un autre monde…