D’abord cantonné au rôle de bloc haut de gamme pour des modèles à la vocation familiale (Audi 100 et 200), le 5 cylindres est progressivement devenu un élément incontournable de la panoplie sportive du constructeur d’Ingolstadt. De la luxueuse limousine 200 jusqu’à la RS 3 actuelle en passant par la terrible Sport Quattro, il montre un caractère très différent d’un modèle à l’autre mais il développe toujours une sonorité très particulière.
Audi 200 5T Type 43 (1981)
Arrivée en 1979, la grande 200 positionnait pour la première fois Audi sur le marché des grandes berlines, face à la BMW Série 7 E23 et la très statutaire Mercedes Classe S W126 lancée la même année. Équipée uniquement du 5 cylindres en ligne 2,1 litres de la 100 à sa sortie, avec 136 ch et 185 Nm, elle tirait beaucoup trop court face aux V8 Mercedes et aux 6 cylindres BMW. Dès 1980, la version 5T y ajoutait un turbo KKK pour faire grimper la puissance à 170 ch et le couple à 270 Nm. Suffisant pour faire patiner les roues avant de cette pure traction, sortie quelques semaines seulement avant l’arrivée de la fameuse transmission Quattro chez Audi.
Au volant, les sensations de mollesse et d’extrême légèreté (la voiture ne pèse que 1 260 kg !) témoignent de l’évolution colossale de ces autos en quarante ans. Imprécise mais amusante à malmener, elle se tord dans les virages en vous envoyant valdinguer dans ses sièges au maintien latéral inexistant. Le 5 cylindres grogne avec retenue, l’aiguille de la pression de turbo au tableau de bord danse à chaque accélération, la dump valve siffle au lever de pied et la boîte automatique à 3 rapports fait de son mieux.
Audi Quattro MB (1988)
Passer d’une 200 Type 43 de 1981 à un coupé Quattro de 1988, c’est se prendre en pleine figure une avalanche d’évolutions techniques condensées en une toute petite période. Avec une direction étonnamment consistante, une boîte de vitesses à 5 rapports au maniement moderne et une tenue de caisse rigoureuse, on entre dans l’ère des Audi sportives.
Les performances font aussi un grand bond en avant grâce au moteur de 200 ch bien plus sophistiqué, sans atteindre la poussée intimidante d’une Sport Quattro de 306 ch. Avec un bel intérieur cuir et cette instrumentation numérique qui faisait tant rêver dans les années 80, on se sent beau comme Michael Knight. Grâce à un moteur très hargneux et à un comportement dynamique sérieux, il y a vraiment tout pour vous donner envie de la cravacher sérieusement. Jusqu’à ce que la personne responsable du parc historique d’Audi, paniquée à la moindre accélération, vous demande d’arrêter.
Un moteur hargneux, un comportement sérieux, il y a tout pour vous donner envie de la cravacher
Audi S2 Coupé (1991)
Après une balade en coupé Quattro, grimper à bord d’une S2 donne l’impression de quitter un jean serré pour enfiler un pyjama. Cette confortable voyageuse lancée en 1991 avec 220 ch, puis 230 ch à partir de 1993, joue les polyvalentes et offre un pilotage bien moins radical. La direction impressionne par sa légèreté et son absence absolue de remontées depuis le train avant. Le moteur marche au moins aussi fort que dans le coupé Quattro et la boîte de vitesses profite d’un guidage excellent. Mais la sonorité du bloc reste plus discrète et les sensations de pilotage ne font pas frissonner. On la sent très sous-vireuse à la limite, signe d’une époque où Audi préférait la sécurité absolue au plaisir de pilotage. Mais c’est aussi à ce moment précis que la marque aux anneaux a décidé de se faire une réputation dans les familiales à très hautes performances. Dès 1994, la RS 2 se lançait ainsi aux basques de la BMW M3 avec son 5 cylindres poussé à 315 ch. La dynastie des Audi Rennsport était née…
Cet article est paru dans Octane n°55, un magazine que vous pouvez vous procurer sur notre boutique NG Presse, au format papier ou numérique.
