Le pitch
Après l’alléchant Concept GTO de 2020, Audi Sport a promis une version collector du break RS6. Entre temps, il a sorti la Performance, qui remplace le modèle classique en bénéficiant d’une puissance portée de 600 à 630 ch, ainsi que d’une gestion revue pour la boîte et le différentiel. Cette fois, il lance à partir d’avril une « GT » assemblée à la main à l’usine de Böllinger Höfe, aux côtés de la e-tron GT (et feue la R8). Le look tapageur reprend les couleurs du concept GTO, qui lui-même rendait hommage à la 90 quattro GTO courant en IMSA en 1989. Ce monstre de 720 ch a brillé grâce à Hans-Joachim Stuck et Walter Röhrl. Sous cette robe tricolore se cache un petit allègement, un V8 de 630 ch, des gestions de boîte et différentiel spécifique ainsi qu’une suspension réglable manuellement.
Le look
Il ajoute à la carrure imposante de cette quatrième génération une tenue tricolore « GTO » pour le moins voyante, associée à des jantes blanches de 22 pouces ( !). Si vos rétines se sentent agressées, le nuancier réduit comprend deux couleurs sobres (gris et noir) qui font l’impasse sur les décalcomanies et les jantes contrastées. La « GT » se démarque des RS6 classiques par ses boucliers soulignés d’une lame à l’avant et d’un diffuseur spécifique à l’arrière, par ses jupes latérales, par ses ouïes latérales visant à améliorer le refroidissement des freins, par son gros aileron, par la disparition des barres de toit et par son capot en carbone en partie apparent. Ce coûteux matériau compose aussi les ailes, les disques de freins (carbone/céramique de série) et les coques des baquets. Ces derniers constituent l’élément le plus marquant de l’habitacle, paré de feutrine baptisé Dinamica et de surpiqures contrastées. Au centre du tunnel, une plaque souligne le côté collector de cette édition limitée à 660 exemplaires. Que les familles se rassurent, les trois places arrière répondent présent, comme le coffre de 565 l.
Les perfs et les specs
La plus grande déception vient de l’absence de préparation moteur. Alors que le concept GTO bodybuildé dépassait les 700 ch et que le cousin Lamborghini extrait 666 ch du V8 propulsant l’Urus Performante, la RS6 Avant GT s’en tient à 630 ch, à l’image de la version Performance. Évidemment, elle ne manquera pas de ressource ! Mais un petit bonus aurait peut-être permis de mieux digérer la note… Très salée. On retrouve donc le 4 litres biturbo avec une pression de suralimentation portée à 1,6 bar maxi et un couple à 850 Nm. En parallèle, le break s’offre un régime… Génial ! Sauf que les éléments en carbone retirent seulement 15 kg aux 2 075 kg annoncés de la Performance. Cet effort permettrait tout de même de grapiller un dixième de 0 à 100 km/h (3’’3) et d’aligner le 0 à 200 km/h en 10’’5. Des accélérations dignes d’une supersportive qui se prolongent jusqu’à 305 km/h (de série). C’est sûr, ce break n’aura jamais été aussi furtif ! Il cache fort heureusement d’autres éléments intrigants, comme une gestion de boîte auto ZF et de différentiel arrière spécifique… Ainsi qu’une suspension ajustable manuellement, à l’image de la RS4 Performance ! Cette fois, la France a droit à ces amortisseurs réglables en compression/détente (via deux molettes) et à ces ressorts (raidis) pouvant abaisser l’assiette de 10 mm à l’aide d’un outil dédié (et d’explications !). La suspension cache également des barres antiroulis raffermies de 30 % à l’avant et 80 % à l’arrière. Afin de ne pas effrayer la clientèle, Audi Sport propose en alternative la suspension pneumatique ou le système DRC interconnectant les amortisseurs. Malheureusement, il n’ose pas chausser son collector de semi-slicks – y compris en option – et se contente de Continental Sport Contact 7 dédiés.
Les prix
Pour le moment, les RS6 Performance et GT n’ont plus de concurrence frontale, étant donné l’absence de M5 et de E63 AMG. Alors que la Performance avoisine les 150 000 €, la GT pousse le bouchon jusqu’à 230 000 €, sans compter le supermalus français de 60 000 €. Au hasard, la cousine Porsche Panamera Sport Turismo (break) Turbo S aussi puissante flirte avec les 200 000 €. Quant à la surpuissante AMG GT 4 portes hybride de 843 ch, elle est vendue 224 400 €. Malgré tout, Audi n’aura sûrement aucun mal à sélectionner 660 propriétaires (sur dossier) parmi ses clients sportifs fidèles. L’Europe s’accapare la moitié de la production et le quota français s’élève tout de même à une trentaine de modèles.
L’opinion
Audi Sport aurait pu aller plus loin en matière d’allègement, de radicalité, de personnalisation et de puissance pour justifier un tel tarif. Mais ce n’est pas dans ses mœurs et la R8 GT en est le meilleur exemple. La RS6 suit son exemple, tout en osant un look nostalgique… Non imposé. Nous avons hâte de jauger ce qu’apporte la suspension réglable à un tel break en matière de feeling, d’agilité et de confort.